Chapitre 15

J'avançais dans le grand hall. La salle d'apparat mesurait environ cent cinquante mètres carrés et était recouverte d'immenses miroirs sculptés. Le décorateur de Raphaël avait dû s'inspirer de la salle des glaces du château de Versailles. Encore un signe que le vampire aimait l'architecture et la culture de mon pays. Et qu'il y avait probablement vécu un certain temps.

Je jetai un coup d'œil furtif à un groupe de vampires qui me dévisageaient avec curiosité. L'endroit résonnait de rires et de conversations. Raphaël vint aussitôt vers moi. Il prit ma main, la posa sur son avant-bras, et nous nous dirigeâmes vers eux aussi droits, solennels et empruntés que des aristocrates à la cour.

Un homme qui paraissait âgé d'une cinquantaine d'années environ (quoique, avec les vampires, ça n'avait pas le moindre sens) vêtu d'une longue robe écarlate, murmura quelque chose à son voisin, puis se redressa du sofa couvert de soie sur lequel il était installé pour nous saluer :

— On m'avait vanté votre beauté mais je vois que c'était encore bien en dessous de la vérité, fit-il en me baisant la main.

C'est ça... Sors-moi des banalités d'usage mais évite le me toucher ou je te crève...

      Rebecca, je te présente Felipe Montegar. Un membre éminent de notre haut conseil.

Je souris et dis du ton le plus hypocrite et le plus courtois possible :

     Je suis enchantée de vous rencontrer. C'est un grand honneur de vous recevoir parmi nous, fis-je en m'inclinant légèrement.

Puis, ce fut au tour de l'homme assis à ses côtés quelques secondes auparavant de me saluer. Il avait d'étranges yeux noisette et dorés. Ses cheveux étaient coupés au carré et encadraient un visage au menton carré et aux fossettes marquées.

   Glastrow, Magister de Pennsylvanie et membre du Directum de Philadelphie. Enchanté.

   Tout le plaisir est pour moi, mentis-je en souriant. Je n'avais laissé transparaître aucune de mes émotions sur mon visage mais j'avais dû faire appel à tout mon self-control pour ne pas lui sauter dessus et l'éventrer avec les couteaux que j'avais astucieusement attachés le long de ma cuisse. C'était lui qui avait financés travaux du généticien responsable des disparitions qui avaient eu lieu deux mois plus tôt. Il voulait créer une espèce de créature surnaturelle capable de nourrir les vampires sans les empoisonner et échapper aux règles du Traité. Il était tout aussi responsable que le scientifique de la tuerie qui s'était déroulée sur mon territoire et qui avait failli nous coûter la vie à tous. Mais ne pouvais malheureusement pas le prouver.

       Ta promise est absolument charmante, dit-il en se tournant vers Raphaël, ce serait dommage de devoir t'en séparer, fit-il d'un ton aimable alors que ses yeux disaient exactement le contraire.    - Rebecca n'est pas ma promise, mais ma femme, rectifia Raphaël, nonchalamment.

-      C'est ce que j'ai entendu dire, fit Felipe avec un sourire bienveillant. Puis-je constater votre union?

Je levai vers Raphaël des yeux intrigués. Il sourit et dit :

   La marque dans ton cou, ma chérie.

Je soulevai mes épais cheveux bruns et découvris la fleur de Lys qui trônait au bas de ma nuque.

   Merci beaucoup, madame, fit Felipe.

Il avait insisté suffisamment sur le mot « madame » pour que Glastrow prenne aussitôt une mine à la fois rébarbative et agacée.

-       Nous sommes heureux de vous compter parmi les nôtres, Rebecca. Bien que je doive reconnaître que ça a été une véritable surprise, ajouta-t-il, d'un ton perfide

Je voulais bien le croire. Une Vikaris marquée par un vampire, c'était une grande première.

  J'ai toujours été un peu impulsive, fis-je sans me départir de mon sourire.

  Sans doute, mais ce n'est pas le cas de notre Raphaël, répondit-il en focalisant son attention sur non compagnon.

Le visage de Raphaël restait impassible. Tout comme celui de Felipe, mais je sentais une certaine tension entre les deux hommes.

  Rebecca est une femme exceptionnelle à tout point de vue, j'aurais été stupide de la laisser m'échapper.

        Je te comprends. Elle nous ferait presque perdre la tête.

L'allusion était claire. Deux mois plus tôt, Raphaël avait ouvertement défié l'autorité du Mortefilis en décapitant l'un de leurs émissaires pour me sauver. Felipe venait de subtilement déclencher les hostilités.

       Presque, en effet, se contenta de répondre Raphaël. Désirez-vous qu'Hector vous serve un rafraîchissement ?

   Non. Pas pour le moment, dit Felipe.

     Dis-moi, Raphaël, que s'est-il passé avec David ? fit Glastrow avec un sourire mauvais.

David était l'émissaire en question.

     Vous n'avez pas reçu mon rapport ? demanda Raphaël à Felipe, d'un ton neutre.

         Si, si, bien sûr que si. Mais il était un peu... succinct, répondit-il.

    C'est parce que les faits étaient simples. David errait sur mes terres sans autorisation. Il a attenté à la vie de ma femme ce qui m'a amené à le tuer, dit-il laconiquement.

   Raphaël a toujours eu un fabuleux esprit de synthèse. Pouvez-vous nous raconter la version longue de cette histoire, ma chère ? fit Felipe en se tournant vers moi.

La conversation était à haut risque. Felipe et sa garde rapprochée étaient assez dangereux et surtout assez puissants pour que je n'aie aucun doute sur l'importance de ce qui allait suivre. Personne dans ce pays ne défiait impunément le Mortefilis. Pas même Raphaël.

Absolument, répondis-je d'une voix douce. Alors voilà. Un soir, en sortant de mon appartement, deux vampires m'ont sauvagement attaquée. Je me suis défendue et il semble qu'après avoir malencontreusement tué l'un d'entre eux, votre David l'ait fort mal

pris. J'ai compris plus tard qu'il s'agissait de son compagnon. Enfin bref... Il m'a poursuivie jusque chez Raphaël qui n'a eu d'autre choix pour me sauver de s'interposer.

   Il avait véritablement l'intention de vous tuer - demanda Felipe en plongeant son regard dans le mien.

Certains vampires possédaient, tout comme les loupsou les muteurs, le pouvoir de déceler le mensonge. Mesbarrières mentales étaient suffisamment épaisses pourempêcher Felipe d'utiliser son radar anti-baratin, maisdans le cas présent, ce n'était pas nécessaire.

   Oh, oui. Il était aveuglé par la haine, fis-je en lelaissant pénétrer mon esprit suffisamment pour le convaincre.

Une seconde plus tard, il fermait les yeux et hochait la tête.

          David tenait beaucoup à Simon, il n'était plus lui même, ajouta Raphaël d'un ton las.

   Effectivement. Ton intervention semble avoir été des plus judicieuses, approuva Felipe.

   Je ne doute pas de ta sincérité, dit Glastrow, mais es-tu certain de bien avoir évalué la situation ? Après tout, David était en général quelqu'un de calme et pondéré, es-tu sûr d'avoir correctement interprété ses actes ?

   Qu'est-ce que tu insinues ?

Une lueur dangereuse brillait dans les yeux deRaphaël et je vis deux hommes, probablement les gardes du corps du maître de Philadelphie, avancé imperceptiblement vers nous.

   Il est toujours possible de commettre une erreur, répondit-il, d'un ton insultant.

     Raphael ne commet pas d'erreur, Glastrow, dit Felipe, d'un ton irrité.

     Je suis parfaitement au fait de la réputation de notre hôte, sa sagesse et sa clairvoyance sont légendaires, répondit Glastrow d'un ton sarcastique.

     Exact. C'est la raison pour laquelle le Mortefilis lui renouvelle son offre. Nous désirons que tu acceptes enfin le siège qui t'attend au conseil, Raphael, fit-il en se tournant vers lui.

Glastrow sursauta puis je vis une lueur d'excitation soudain s'allumer dans son regard. Il lorgnait sur la Nouvelle-Angleterre depuis longtemps.

La nomination de Raphael parmi les sages lui paraissait sans doute un bon moyen d'assouvir ses ambitions.

     Je suis très honoré, vraiment. Mais je ne pense pas en être encore tout à fait digne, fit Raphael.

     Sottises ! Il est grand temps que tu prennes enfin tes responsabilités.

     Il me semble que c'est déjà le cas, se contenta de répondre Raphael, d'une voix neutre.

     Si c'est à cause de notre adorable Rebecca, sache qu'elle est tout à fait la bienvenue et que nous serions enchantés de l'avoir avec nous.

Ben voyons... je ne savais pas que les vampires croyaient au père Noël.

     Je n'en doute pas mais nous souhaitons rester encore quelque temps ici. Ma femme a pris certains engagements dont elle ne peut se libérer.

    J'ai appris ça, en effet. Comment vous est donc venue cette étrange et toute nouvelle vocation, ma chère ? demanda-t-il, visiblement agacé.

« A cause de vous » aurait été une réponse franche mais assez peu diplomate. Le Mortefilis avait tenté de

nous enlever, Léo et moi, ce qui m'avait poussée à accepter un poste au sein du Directum du Vermont. S'en prendre à un Assayim aurait été perçu comme une déclaration de guerre, une violation pure et simple du Traité de paix qui avait été signé trois ans plus tôt. Les vampires ne pouvaient pas se le permettre. Pas même ? le Mortefilis.

           Je trouve ce travail particulièrement stimulant, fis-je.

  Étrange. Moi je l'aurais imaginé plutôt routinier et rébarbatif.

Routinier n'était certainement pas le terme adéquat. Je devais veiller sur la sécurité d'une des plus importantes communautés surnaturelles du pays et la protéger, tant des attaques extérieures qu'intérieures. Ce qui n'était pas une mince affaire. Surtout quand les ennuis provenaient de litiges internes ou de conflits territoriaux entre clans. Il me fallait alors troquer ma tenue de père Fouettard contre celle de casque bleu, ce qui m'amusait follement.

           Pas du tout. Je vous assure que c'est un job passionnant.

   Raphaël vous octroie une liberté rare en vous laissant occuper ces fonctions, remarqua-t-il, en le fixant du regard.

           C'est exact et je dois dire que j'en suis absolument ravie, fis-je en souriant.

   Certes, certes... mais c'est assez inhabituel... les miens préfèrent accorder l'immortalité à leurs compagnes et souhaitent généralement les garder auprès d'eux, insista-t-il, tandis que Raphaël restait étonnamment silencieux.

   Raphaël n'est pas comme les autres, c'est ce qui fait de lui quelqu'un de si intéressant, continuai-je d'un ton aimable.

   Bien entendu... bien entendu. Notre cher Raphaël est quelqu'un d'exceptionnel en tout point, je vous l'accorde. Néanmoins, il est l'un de nos plus hauts dignitaires. Il a des devoirs et des responsabilités. Nombre des siens ne comprennent pas la tolérance dont

1il     fait preuve à votre égard.

Les vampires de Raphaël me regardaient évoluer parmi eux, souvent avec curiosité, parfois avec crainte, mais jamais avec hostilité. Ils considéraient généralement comme une excellente chose que leur maître se soit aliéné une sorcière de ma trempe, l'argument de Felipe ne tenait donc pas. Je le savais et il le savait. Non. Tout ce qu'il désirait, c'était de me voir me départir de la protection que m'offrait le Directum. Si je me contentais de n'être que la compagne de Raphaël, j'aurais alors à me soumettre aux ordres et aux décisions du Mortefilis. Et le haut conseil pourrait enfin m'utiliser comme il en avait l'intention.

   Ce poste d'Assayim est prestigieux et le fait que

2   je   sois la femme de Raphaël permet aux vampires d'avoir une influence accrue sur notre territoire, mentis-je avec aplomb.

        Je croyais que vous deviez rester neutre, remarqua-t-il avec ironie.

   Mon cher, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.

  Nous pourrions faire nommer un autre Assayim, avec les mêmes sympathies pour notre cause que les nôtres.

Je me mis à rire.

           Ce n'est pas aussi facile que vous l'imaginez. Le Vermont est le seul territoire de ce pays qui ne possédait pas d'Assayim, faute d'accord entre les membres du conseil. Il semble peu probable qu'un tel consensus se présente à nouveau.

           Le conseil estime que la femme d'un Magister ne doit pas occuper de telles fonctions et que la situation est parfaitement inacceptable, dit-il, d'un ton solennel.

Raphaël restait toujours étranger à la conversation, ce qui commençait à m'agacer fortement.

            Je suis désolée mais j'étais déjà Assayim lorsque je me suis unie à Raphaël et je dois honorer les clauses de mon contrat. Une rupture de ma part avant le terme échu n'est pas envisageable. Je n'ai pas le choix, dis-je cette fois avec dureté.

    Et quand se termine-t-il ?

    Dans trois ans.

Glastrow eut un rictus, mais continua à converser avec ses interlocuteurs comme si de rien n'était.

    C'est très ennuyeux.

           Eh oui, mais nous n'y pouvons rien, ni vous, ni moi.

Jeu, set et match...

           Felipe ? Puis-je vous emprunter ma femme ? Je désire lui présenter nos autres invités, demanda tout à coup Raphaël.

Son ton était courtois mais suffisamment ferme pour mettre définitivement fin à une joute verbale que je commençais à trouver franchement déplaisante.

         Je t'en prie, dit Felipe avec un regret évident tandis que Glastrow me regardait avec un mépris à peine dissimulé.

Raphaël me présenta à huit autres vampires. Tous se montrèrent charmants et curieux de me rencontrer, Mlais je n'avais pas besoin de sonder leur énergie pour essentir à quel point ils étaient vieux, puissants et terriblement dangereux.

Je supposais que c'était normal, qu'on ne pouvait pas s'attendre à autre chose de la part de la garde officielle du Mortefilis. Raphaël évoluait avec aisance parmi eux. Il les connaissait tous intimement et le respect dont ils faisaient preuve à son égard me fit brusquement comprendre que ces hommes avaient tous été sous ses ordres et qu'ils le considéraient toujours comme leur supérieur hiérarchique. Leur général.

   Rebecca ?

Je levai les yeux vers Raphaël.

   Oui?

   Tout va bien, ma douce ?

        Oui. J'étais juste un peu songeuse. Pardonnez-moi, dis-je en me tournant vers un vampire roux aux traits exquis et au sourire ravageur, j'ai eu une journée relativement chargée. Un imbécile s'est pris pour l'égorgeur de Boston.

       Alors c'est vrai. Vous êtes un Assayim. Pardonnez-moi si je me montre indiscret, mais à quelle espèce appartenez-vous ? Je suis incapable de vous situer. De fait, je vous ressens comme une humaine, demanda-t-il, une lueur amusée dans ses yeux clairs.

        Je ne suis pas humaine. Je suis une sorcière, répondis-je évasivement.

  Une potioneuse ? demanda-t-il, surpris.

Les potioneuses étaient largement majoritaires parmi les sorcières. Mais leur don était assez limité et se réduisait à un incroyable talent pour concocter des filtres.

  Non.

          Vous me rassurez. Je voyais mal comment vous pouviez faire votre job avec si peu de pouvoir.

Sale con condescendant.

          Vous seriez surpris de ce dont sont capables certaines potioneuses, Frédéric, fis-je froidement.

          Elle a raison. Je pourrais te donner une liste de très vieux et de très puissants vampires qui ont eu le tort de les sous-estimer, ajouta Raphael, d'un ton convaincant.

Frédéric hocha la tête.

   Si vous le dites, maître, c'est que c'est vrai.

Je levai les yeux vers lui, surprise.

          Vous êtes de la lignée de Raphael ? demandai-je, surprise.

          Non. Mais mon créateur est mort peu de temps après ma transformation et le maître a accepté de me prendre sous son aile. Il m'a tout appris. Comme à pratiquement nous tous ici, fit-il en désignant les autres vampires de la salle.

Pas un des morts-vivants présents ce soir n'avait moins de mille ans. J'imaginais que si Raphael les avait tous formés, leur loyauté serait plus que partagée si un conflit éclatait entre Felipe et leur initiateur. Ce qui m'expliquait l'extrême prudence dont faisait preuve le représentant du Mortefilis à l'égard de Raphael. Et probablement aussi la raison pour laquelle les membres du haut conseil insistaient tant pour qu'il fasse partie de leur bande de joyeux lurons.

          Parlez-moi un peu de mon époux, fis-je en passant ma main sur son bras et en l'entraînant, d'un ton léger. Il est particulièrement secret en ce qui concerne son passé.

Cette soirée pouvait se révéler intéressante, après tout...

Je ne suis pas certain que le général apprécierait ce genre d'indiscrétions, venant de la part d'un de ses soldats, dit-il avec un sourire charmeur.

          Pas d'anecdotes amusantes, alors ? Je suis terriblement déçue.

Il se figea et planta tout à coup ses yeux dans les miens.

         Et si nous arrêtions ce petit jeu tous les deux ? dit-il.

          Que voulez-vous dire ? demandai-je prudemment.

         Vous vous comportez avec moi comme ces grues cupides et décoratives que bon nombre de vampires aiment à fréquenter, mais nous savons parfaitement ce qu'il en est, vous et moi...

   Vraiment ?

         Oh oui. J'ai vu de nombreuses fois Raphaël avec les femmes, des centaines ont même partagé sa vie, nais il n'en a jamais regardé aucune comme il vous regarde.

        Il me trouve peut-être un peu plus décorative et attirante que la plupart de ses anciennes conquêtes, lui fis-je remarquer.

        Le maître ne s'intéresse pas aux femmes. Il n'a jamais marqué l'une d'entre elles et il n'a jamais risqué sa vie comme il le fait pour vous protéger. Qui êtes-vous ?

   Je ne comprends pas.

           Pourquoi le Mortefilis et les Français font-ils des pieds et des mains depuis quelques semaines pour vous récupérer ?

           Pourquoi ne le demandez-vous pas au Mortefilis ?

           À ces politiciens ? cracha-t-il. Je ne suis qu'un soldat, un guerrier, une pièce qu'ils utilisent et sacrifient pour gagner une partie. Mais ça ne me rend pas pour autant aveugle ou sourd. Un conflit larvé s'est engagé entre notre général et le conseil, vous en êtes la cause. Je voudrais simplement savoir si le jeu en vaut vraiment la chandelle.

           Posez la question à Raphaël. Lui seul est à même de vous répondre.

   Ce n'est pas un homme qui se justifie.

           C'est un trait de caractère que nous avons malheureusement en commun, fis-je d'un ton glacial en retournant auprès de Raphaël.

           Alors, Frédéric, que penses-tu de ma conquête? demanda Raphaël.

           Elle est... intéressante, dit-il en me fixant d'un regard étrange.

   Rebecca a de très nombreux talents.

           Que je suis très impatient de découvrir, assurément, dit Frédéric, avec un ton qui ressemblait presque à une menace.

           Je suis un peu fatiguée, pourras-tu m'excuser auprès de nos hôtes ? J'ai pas mal de travail qui m'attend et je dois me lever dans quatre heures, fis-je.

— Bien entendu, ma douce, dit-il en m'embrassant brièvement sur les lèvres.

Frédéric tourna la tête mais je sentais son regard me brûler le dos tandis que je quittais rapidement la pièce.